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Chroniques de la Byrsa:  SOS Marché central de Tunis

En parfaite contradiction avec l’enseignement primordial qu’il est censé porter, le mois de Ramadan est généralement associé à la consommation. Cela nous a donné l’idée de nous éloigner un peu de notre carré de la Byrsa pour faire un tour dans le principal centre de l’offre de produits alimentaires du pays, l’objectif n’étant pas de titiller les papilles des lecteurs mais d’inspirer à ceux qui n’ont pas pris l’habitude de s’y rendre l’idée d’en faire le détour et de le voir sous un autre éclairage. Nous nous y sommes donc rendus en éclaireurs par deux fois. Une troisième visite s’étant révélée indispensable, il nous a paru plus cohérent de consacrer tout le mois à l’auscultation de ce temple de la consommation.

Nous sommes donc revenus au Marché central de Tunis vendredi dernier, vers la mi-journée. Et ce que nous y avons observé est proprement (si l’on peut dire) révoltant. C’était dans la halle aux poissons.

On accède à ce pavillon par plusieurs entrées dont celle qui est peut-être la plus fréquentée, la minuscule porte qui donne sur la rue Charles-de-Gaulle. Exiguë, encombrée, mal éclairée, elle donne, sur la gauche, sur un coude obscur qui accueille une benne débordante d’immondices. Deux pas plus loin, le seuil de la halle. Impossible de le franchir; inondé. Et quelle odeur nauséabonde ! C’est que les égouts débordent des regards censés recueillir les eaux dont les poissonniers arrosent généreusement leur marchandise pour la nettoyer ou lui donner un aspect de fraîcheur pas toujours acquise.

Dans la mare d’un égout, le jeune poissonnier agite un cageot de seiches pour les débarrasser de leur sépia

Il faut donc emprunter le coude pour accéder au pavillon par l’entrée donnant sur la cour centrale. Là, au croisement des allées desservant le circuit, trône sur un tabouret la préposée à l’entretient du sol, proposant aux chalands sacs en plastique et glace pilée pour la conservation du poisson. A sa décharge, il faut rappeler l’impossibilité de l’assécher, ce sol, les regards étant saturés et par endroits formant de mini-mares.

Vendredi dernier, vers 11 heures, j’ai été le témoin oculaire de la scène suivante : dans l’axe reliant le carré central à l’entrée de la rue d’Allemagne, dans l’une de ces mares formées par le débordement d’un regard, un jeune poissonnier agite un cageot rempli de seiches pour les débarrasser de leur sépia et leur donner un aspect plus propre. Puis il est allé installer le cageot sur l’étal voisin.

Je sais que les bureaucrates n’ont pas le temps de lire les chroniques, fussent-elles celles de la Byrsa. Et je ne leur en veux pas pour ça. Mais ici il s’agit d’une très grave affaire de santé publique. Alors, je préviens que s’il advient quelque malheur que ce soit suite à de telles pratiques, je témoignerai à charge contre la municipalité de Tunis.

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